AMÉLIORER LES FONCTIONS COGNITIVES PAR DE LA GNRH PULSATILE CHEZ LES PATIENTS PORTEURSDE TRISOMIE 21

Written by Quaerere FMPC

November 18, 2022

La trisomie 21 ou syndrome de Down est une anomalie qui touche environ une

naissance sur 800.

Une étude franco-suisse a été réalisée, pour montrer l’efficacité d’une thérapie à

base de GnRH pulsatile, afin d’améliorer la cognition dans le syndrome de Down.

Ce sont une équipe de l’Inserm au sein du laboratoire Lille neuroscience &

cognition et le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV, Lausanne) qui ont

collaboré sur cette étude.

Cette nouvelle voie thérapeutique a pour objectif d’améliorer les fonctions

cognitives chez les sujets atteints de trisomie 21 en utilisant la thérapie par

l’hormone GnRH (Gonadotrophine-Releasing Hormone).

Physiologie et embryologie des neurones de la GnRH

Les neurones à GnRH, qui par l’induction de gonadotrophine au niveau

hypophysaire, ont un rôle clé dans la reproduction, la maturation de l’appareil

génital, ainsi que le maintien de sa fonction en post-pubertaire. Ces neurones (de

l’hypothalamus) se projettent dans des zones du cerveau comme l’hippocampe,

impliquées dans la cognition, la mémoire, et la psychomotricité.

Ils prennent naissance dans la placode olfactive médiane au cours du

développement embryologique, et migrent par la suite le long du bulbe olfactif,

jusqu’à leur position finale dans l’hypothalamus.

Certains facteurs impliqués dans l’embryologie physiologique des neurones GnRH et la physiopathologie du syndrome de Kallman

Plusieurs facteurs jouent un rôle clé dans cette migration, et leur dysfonctionnement

ont été remarqués dans le syndrome de Kallmann de Morsier, parmi lesquels on

retrouve ; le récepteur 8 du facteur de croissance des fibroblastes, le facteur

inhibiteur de la leucémie, l’anosmin-1, le récepteur 1 du facteur de croissance des

fibroblastes, la forme polysialique de la molécule d’adhésion neurale (PSA-NCAM), et

les neuropilines entre autres.

Par ailleurs, il est important de noter que le syndrome de Kallmann est dû à une

migration incomplète des neurones GnRH, se traduisant sur le plan clinique par une

anosmie, et un hypogonadisme gonadotrope.

On peut observer également un hypogonadisme hypogonadotrope isolé, sans

anosmie, suite à des mutations dans les gènes PROK1 et PROK2 de la prokinéticine.

Il s’agit d’un autre peptide ayant un rôle majeur dans la reproduction humaine. Il est

suggéré alors que d’autres facteurs hormis une migration défectueuse, peuvent

entraîner des déficiences fonctionnelles de la GnRH.

Similitudes entre les symptômes observés dans le syndrome de Kallmann et le syndrome de Down

Les symptômes observés dans le syndrome de Kallmann, comme l’infertilité et

l’anosmie, sont aussi observés dans le syndrome de Down. En outre, l’anosmie dans

le syndrome de Kallmann est observée dès la naissance, tandis que les sujets atteints

du syndrome de Down verront leur odorat être normal durant la naissance et

l’enfance, puis régresser et se perdre jusqu’à la période pré pubère.

Traitement substitutif par GnRH pour les patients atteints du Syndrome de Down

Ainsi l’idée d’une thérapie par GnRH pulsatile est pensée par les chercheurs, pour

mimer la physiologie de sécrétion de l’hormone et compenser le déficit de cette

dernière, chez les sujets atteints du syndrome de Down dans l’objectif d’améliorer

leurs capacités cognitives.

La trisomie 21 accompagnée d’une perte de neurones à GnRH

Une première expérience a été menée sur un modèle murin de trisomie 21,

présentant les mêmes symptômes que les sujets atteints du syndrome de Down. Se

traduisant sur le plan physiologique par la diminution de neurones à GnRH.

Il a donc été découvert par Maria Manfredi-Lozano et son équipe de chercheurs, que

la perte de ces neurones à GnRH s’accompagnait d’une défaillance de facteurs de

transcription et de brins de micro ARN se localisant au niveau du chromosome 21. Et

gouvernants l’expression de la GnRH et la maturation du neurone spécifique.

Cette défaillance touche d’autres gènes, impliqués notamment dans le processus de

myélinisation et de transmission synaptique. Elle met également en jeu le

fonctionnement des neurones hippocampiques.

En effet comme le chromosome 21 est surnuméraire il y’a une surexpression de ces

brins de micro ARN (miR-200b) agissant sur la GnRH, ce qui impact l’activité

neuronale à plusieurs échelles (au niveau de l’hypothalamus et de l’hippocampe des

souris). Les chercheurs ont pu noter que ces anomalies entrainaient une défaillance

de l’activité neuronale, des capacités olfactives et cognitives.

Une thérapie à base de GnRH pulsatile améliore la cognition

À partir de ce postulat, l’équipe de chercheurs a effectué une thérapie cellulaire avec

des neurones hypothalamiques ainsi que des interventions chimiogénétiques et

pharmacologiques pour produire de la GnRH de façon pulsatile.

Chez les souris adultes ces traitements ont pallié aux anomalies olfactives et

cognitives.

À compter de ces résultats prometteurs, l’équipe a repris cette expérience à une

échelle plus importante, en entreprenant une étude clinique pilote chez 7 patients

(Tous des hommes âgés entre 20 à 50 ans) atteints de trisomie 21. Pour tester les

effets de cette thérapie sur les capacités olfactives et cognitives ainsi que sur la

structure et la fonction cérébrale.

À savoir, ce traitement est non nocif et sans effets secondaires.

En effet il est préalablement utilisé pour traiter les déficiences en GnRH dans le

syndrome de Kellman.

Ainsi après 6 mois de traitement sous- cutané, des tests ont été effectués pour juger

l’efficacité du traitement.

6 patients sur 7 ont manifesté une

amélioration cognitive. Des IRM reflètent

une plus grande connectivité cérébrale se

manifestant d’ailleurs avec une meilleure

perception des plans de l’espace, de

compréhension des données, de

mémoire et d’attention. Toutefois aucune

amélioration olfactive n’a été enregistrée.

Il a été conclu que la thérapie à base de

GnRH augmentait les performances

cognitives et la connectivité du cerveau

chez les patients. Laissant penser à une

meilleure communication entre les

différentes parties du cortex cérébral .La thérapie hormonale par GnRH a montré des résultats encourageants et prometteurs.Afin de prouver l’efficacité de la thérapie, l’étude pilote va continuer sur un plus grandéchantillon comptant entre 50 à 60 patients et incluant cette fois- ci les femmes. Elleconstitue une piste prometteuse pour le syndrome de Down mais également pour d’autresmaladies neurodégénératives comme l’Alzheimer qui partagent des symptômes communs.

Rédacteurs: W. Hrar, Y.Belmajdoub, A. Daroumazar.

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