HTA : Quoi de nouveau ?
Introduction
L’hypertension artérielle demeure un problème de santé publique mondial en croissance progressive, influencé par notre mode de vie (alimentation, sédentarité, stress, etc.). Sa prise en charge est multidisciplinaire, impliquant les médecins généralistes, cardiologues, nutritionnistes, néphrologues, endocrinologues et autres professionnels de santé. Les nouvelles recommandations de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) publiées en 2024 apportent des modifications significatives dans la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA). Ces directives mettent l’accent sur une approche simplifiée de la classification de la pression artérielle, des objectifs thérapeutiques plus stricts et une importance accrue accordée aux mesures en dehors du cabinet médical.
Nouvelles Recommandations
Diagnostic et investigation
Dépistage :
Le dépistage de l’élévation de la pression artérielle (PA) et de l’hypertension devrait être envisagé :
– Au moins tous les 3 ans pour les adultes âgés de <40 ans;
– Au moins annuellement pour les adultes âgés de ≥40 ans.
Ensuite, une approche personnalisée selon la PA et les comorbidités est envisagée.
Classification
L’ESC introduit une classification simplifiée de la pression artérielle en PA non élevée, PA élevée et hypertension pour aider à la prise de décision thérapeutique. Une “pression artérielle élevée” est définie par des valeurs systoliques comprises entre 120 et 139 mmHg ou diastoliques entre 70 et 89 mmHg. L’hypertension artérielle est toujours définie par une pression systolique supérieure ou égale à 140 mmHg ou une diastolique supérieure ou égale à 90 mmHg. Cette nouvelle classification vise à identifier précocement les patients à risque et à démarrer les interventions appropriées.
Evaluation de l’hypotension orthostatique
Une évaluation de l’hypotension orthostatique est primordiale lors du diagnostic, surtout chez les sujets âgés, afin d’évaluer le risque cardiovasculaire, prévenir les chutes et les blessures, et ensuite évaluer le traitement. Un test d’hypotension positif est défini par une baisse de la PA de 20 mmHg pour la systolique ou 10 mmHg pour la diastolique par rapport à la mesure initiale 1 à 2 min après, à condition que le patient soit resté allongé ou assis pendant 5 minutes avant la deuxième mesure.
Investigation :
Les tests de routine (bilan minimal d’HTA) :
– Glycémie à jeun (et HbA1c si la glycémie à jeun est élevée);
– Lipides sériques : cholestérol total, cholestérol LDL, cholestérol HDL et non-HDL, triglycérides;
– Sodium et potassium sanguins, NFS, calcium et TSH (dépistage de l’hypertension secondaire);
– Créatinine sanguine et DFG estimé;
– Rapport albumine/créatinine urinaire;
– ECG 12 dérivations.
Plus de tests spécifiques peuvent être demandés selon l’examen clinique et le bilan initial.
Prise en charge :
Approche multidisciplinaire :
Les recommandations encouragent une approche collaborative multidisciplinaire impliquant médecins, infirmières, pharmaciens, diététiciens et autres professionnels de santé afin d’améliorer l’observance thérapeutique et d’optimiser le contrôle tensionnel, en offrant des soins plus complets et personnalisés aux patients hypertendus.
Objectif thérapeutique :
Dans les nouvelles recommandations, l’objectif thérapeutique est d’abaisser les cibles tensionnelles, avec une pression artérielle systolique visée entre 120 et 129 mmHg pour la plupart des patients, à condition que le traitement soit bien toléré.
Mesures hygiéno-diététiques
Les changements de mode de vie restent fondamentaux pour améliorer le contrôle de la PA et réduire le risque cardiovasculaire, en particulier par la réduction de la consommation de sel et l’augmentation des apports en potassium.
Bithérapie initiale :
Chez les patients hypertendus, les recommandations préconisent une initiation rapide du traitement antihypertenseur, avec une bithérapie dans un seul comprimé; L’association de médicaments de différentes classes à dose plus faible qui ciblent des voies physiopathologiques différents peut avoir des effets additifs ou synergiques et entraîner un meilleur contrôle de la PA avec moins d’effets indésirables que l’augmentation de la dose d’un seul médicament. Pour le groupe des patients avec PA élevée et qui ont une indication pour un traitement antihypertenseur, une monothérapie au départ est recommandée.
Conclusion
Les recommandations 2024 de l’ESC pour la gestion de l’hypertension artérielle représentent une avancée significative, mettant l’accent sur une détection précoce, des objectifs thérapeutiques plus ambitieux et une prise en charge holistique du patient. L’adoption de ces directives par les professionnels de santé est essentielle pour réduire l’incidence des complications liées à l’hypertension et améliorer la qualité de vie des patients.
Référence :
https://academic.oup.com/eurheartj/article/45/38/3912/7741010?login=false
0 Comments